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  • rissecorinne

Ciel! Je ne crois plus a la RSE - II

Il y a quelques temps, je vous partageais ici ma triste prise de conscience : je ne crois plus à la RSE. Tout simplement parce que je ne crois plus que nous puissions concilier consumérisme et préservation de la planète.

J'ai longtemps voulu croire que cela était possible. Que nous pouvions conserver les fondements de notre modèle économique tout en l'ajustant pour en éviter les dérives. J'ai voulu croire à la fameuse "croissance verte".


Force est de constater que malgré les actions des gouvernements, des entreprises et des particuliers, l'empreinte carbone mondiale ne cesse d'augmenter. Les efforts sont insuffisants. Ma conviction c'est qu'ils le sont et le seront, tout simplement parce que consumérisme et sobriété sont incompatibles. Il n'est pas possible de préserver la planète tout en conservant un modèle économique fondé sur l'extraction et sur la croissance des biens matériels.


Déjà en 2016, lors de ma formation en RSE, des premiers doutes m'étaient apparu : dans nos "business cases" nous semblions nous satisfaire d'objectifs de décarbonation fondés sur des indicateurs relatifs. Comme son nom l'indique, un indicateur de décarbonation relatif permet de fixer des objectifs de décarbonation de façon relative à un autre indicateur, par exemple le chiffre d'affaires ou le nombre de salariés de l'entreprise. Concrètement, une entreprise peut par exemple fixer un objectif de réduction de l'empreinte carbone de 15% par euro de chiffre d'affaires. Cela permet de ménager la chèvre et le chou : il est possible de mener des actions de décarbonation et d'afficher une réduction de l'empreinte, tout en conservant des objectifs de croissance du chiffre d'affaires. A l'époque et encore aujourd'hui ce type d'objectifs sont largement utilisés par les entreprises, considérant qu'ils permettent un "découplage" entre la croissance du chiffre d'affaires et la croissance de l'empreinte carbone. Alors oui, il est possible de considérer que c'est un premier effort. Sauf que nous n'en sommes plus aux premiers efforts et que l'on voit bien le problème : si le chiffre d'affaires augmente, l'empreinte augmente en valeur absolue. Même si elle augmente moins vite que ce qu'elle aurait fait en l'absence d'objectifs de réduction.


Si le nombre d'entreprises augmente, si le chiffre d'affaires des entreprises augmente, l'empreinte globale de l'économie augmentera quoiqu'il arrive, même si elle a été réduite de façon relative par euro de chiffre d'affaires.


A l'époque j'étais déjà aussi un peu dérangée par mes propres paradoxes, qui sont en fait ceux du système : je voulais agir pour la préservation de la planète et sachant que j'avais toujours été en entreprise, il me semblait logique d'agir à cet endroit-là, d'où la volonté d'aller vers la RSE. Mais cela impliquait de continuer à travailler selon un modèle qui veut que l'on travaille beaucoup, avec des horaires de bureau à rallonge, et une charge toujours plus forte. Du coup, plus de temps pour ajuster sa vie au quotidien et la rendre plus sobre. J'ai bien essayé d'acheter en vrac, d'aller à la ferme du coin, de cuisiner des plats maison... sauf que lorsqu'on manque de temps, que l'on a aussi des enfants et une maison à gérer, on a tôt fait de refaire les courses à Intermarché et de repasser aux plats cuisinés... Je me consolais (je m'auto-justifiais plutôt) en me disant que ma contribution au monde se trouvait essentiellement dans mon travail et que je ne pouvais pas être partout, donc j'acceptais de ne pas pouvoir être alignée...


Par la suite j'ai eu l'occasion d'étudier les rapports du Giec et leurs scénarios, et mes doutes se sont amplifiés... mais j'en parlerai une prochaine fois.







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