La semaine dernière je me suis pris une amende dans le RER. Parce qu'en croisant les jambes, j'ai posé le bout de ma sandale sur le bord en plastique du siège d'en face.
60 euros. Je vous avoue que j'ai eu un peu de mal à le digérer. Lorsque j'ai fait valoir à l'agent que je trouvais que c'était franchement exagéré, j'ai eu droit à des "La règle c'est la règle, et ce n'est pas moi qui la fait", des "Tolérance zéro pour les incivilités, par respect pour les équipes de ménage", etc.
Peu importe que le siège n'ait absolument pas été sali. Pas d'impact, mais 60 euros, avec en bonus la joie d'être cataloguée comme "personne irrespectueuse".
Cela m'a incité à ressortir des tiroirs l'article que j'avais eu envie de faire il y a déjà un an sur la campagne d'affichage de la SNCF concernant les "incivilités" :
"Il y a ceux qui utilisent les passerelles pour changer de quai... et puis il y a les autres".
"Il y a ceux qui restent polis même quand ils sont enervés... et puis il y a les autres".
N'avons vraiment plus du tout confiance les uns envers les autres pour systématiquement considérer que l'autre va faire mal? Pour ressentir le besoin de stigmatiser, de menacer, et finalement de punir?
Autre changement à la SNCF : tout oubli est désormais puni. En cas d'oubli de sac, l'amende est de 150 euros.
Petit rappel de la définition d'un oubli : "Laisser quelque chose (quelque part), ne pas le prendre par manque d'attention". Un oubli est par définition non voulu, on ne fait pas exprès d'oublier quelque chose.
Désormais l'oubli n'est plus permis. Nous devons contrôler quelque chose qui par définition ne l'est pas. La moindre erreur est punie.
Ne pourrions-nous pas être dans la prévention, sans être dans la menace et la culpabilisation? Parler de compensation financière pour le dérangement éventuel, plutôt que de punition? Ne pourrions-nous pas mettre en lumière les "bons" comportements plutôt que de jeter l'opprobe sur ceux qui ne les respecteraient pas? Pourquoi toujours vouloir diviser et juger ?
Au regard des crises que notre société traverse chaque jour, on pourrait considérer que le ton des campagnes de la SNCF n'a que peu d'importance, et que je me prends la tête pour rien.
Cependant je crois que la façon dont nous nous traitons sur des choses relativement peu importantes sont symptomatiques des dysfonctionnements du tissu relationnel de notre société. Si nous en sommes à nous diviser, à nous juger pour des raisons aussi triviales, qu'en sera-t-il sur les sujets importants? Nous nous étriperons (oui... c'est déjà le cas).
Les défis auxquels notre société et notre monde sont confrontés nécessitent du rassemblement, pas de la division.
Ce que je crois c'est que plus nous ferons le pari de la confiance et de la bienveillance, plus nous aurons des chances de trouver des solutions aux problèmes de ce monde. Osons le faire. A bon entendeur ;)
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