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  • rissecorinne

Dire oui a la vie

Mon fils de 5 ans fait des crises de pleurs, violentes, incontrôlables, parfois pour des choses tellement anodines que je lui ai fait consulter une thérapeute. Celle-ci a dit quelque chose qui m’a marqué sur le coup, mais sans que j’en mesure véritablement la portée. Elle m’a dit qu’il refusait ce que la vie lui proposait, qu’il était en mode défensif permanent et réagissait fortement parce qu’il se sentait agressé par la vie. Elle m’a proposé de lui demander le soir : « Alors Gabin, est-ce que tu as dit oui à la vie aujourd’hui ? ».

Dire oui à la vie. En y réfléchissant il me semble qu’il s’agit d’accepter de se laisser traverser par les évènements qui nous arrivent et les émotions que nous ressentons, les vivre pleinement sans vouloir systématiquement s’en défendre.


Nous avons tous des mécanismes de défense qui nous sont propres. Me concernant par exemple, j’essaie de contrôler mes réactions pour adopter celles que je pense les meilleures, les plus adaptées. D’autres vont plutôt fuir la situation, quand d’autres vont réagir par la force ou trouver des solutions pour contourner ce qui est considéré comme un problème.


Nos mécanismes de défense sont toujours à l’affût : comme si nous nous sentions en permanence en situation de danger, nous réagissons face à toutes les situations qui génèrent pour nous du stress ou de l’inconfort. Me concernant je me suis ainsi rendue compte que je passais le plus clair de mon temps à essayer d’éviter de faire des erreurs, et à essayer de trouver des voies de sortie à des moments de mal-être en contrôlant mes réactions.


Or la vie n’est pas contrôlable. Le croire n’est qu’une illusion. Bien-sûr, sur des détails, sur un domaine de notre vie ou sur un temps donné, nous pouvons avoir le sentiment de contrôler la vie. Mais tôt ou tard, on vit une situation inattendue, on tombe malade, on tombe amoureux : la vie vient nous rappeler que nous ne la contrôlons pas.


Dire oui à la vie c’est accepter ce qui nous arrive, lâcher prise sur cette illusion du contrôle. Souffler, respirer, et accepter ce qui est là.


Suite à une discussion il y a quelques jours avec un apprenti-sage, je me suis interrogée sur la différence entre lâcher-prise et renoncement, et je crois profondément que ces deux notions sont fondamentalement différentes.


Lorsque nous subissons un évènement que nous ne souhaitons pas et que nous entrons en résistance, lorsque nous n’acceptons pas ce qui nous arrive et que nous nous battons contre lui, nous pouvons arriver à nous épuiser et finalement à renoncer.

Si face à ce même évènement nous lâchons prise et acceptons de le vivre tel qu’il est, nous lâchons notre illusion de contrôle : au lieu d’entrer en résistance face à ce qui est, nous acceptons de vivre ce qui se présente à nous. Or j'ai le sentiment que c'est paradoxalement cette acceptation qui nous permet de prendre une certaine distance avec l’évènement, de retrouver de la lucidité, et finalement de trouver les solutions les plus adéquates à l’évènement vécu.


Si nous transposons le sujet au changement climatique, je crois profondément qu’une étape incontournable consiste à accepter ce que nous vivons. Ne pas activer nos mécanismes de défense habituels consistant à dénier le problème, trouver des excuses pour ne pas bouger au niveau individuel, ou à l’inverse réagir fortement et se battre contre le monde entier. La mention de ce dernier point peut être perturbante, mais la lutte reste souvent à mon sens un mécanisme de défense, ce qui explique les burn-out de quantité de militants écologistes.

Tant que nous restons à ce niveau de réaction, nous risquons l’épuisement pour ceux qui se battent, et le subissement de solutions non choisies pour ceux qui restent dans le statu-quo.


Au contraire, si nous acceptons ce qui nous arrive, si nous acceptons de vivre un changement de paradigme planétaire, nous pouvons voir la situation avec plus de recul, et peut-être trouverons-nous notre façon d’agir unique en tant qu’individu, notre place dans ce monde en transition. Si nous parvenons à faire la même chose au niveau collectif, je suis convaincue que nous pourrons retrouver plus de lucidité, une capacité à penser « outside the box » et à trouver de nouvelles voies de développement, plus respectueuses des humains et de notre belle planète.


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